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Déchets : Avec l'ouverture du site de St Antoine, Ajaccio a 20 jours de sursis 


Pierre BERETTI le Vendredi 24 Août 2018 à 22:41

Suite au blocage du centre d’enfouissement de Prunelli di Fium’Orbu, François Filoni, conseiller municipal d’Ajaccio délégué à la propreté urbaine et 11 ème Vice-Président de la CAPA (Communauté d'agglomération du pays ajaccien) fait le point sur les avancées du Pays Ajaccien quant aux solutions immédiates. Il livre également, à Corse Net Infos, ses inquiétudes face au spectre d'une crise durable.



Déchets : Avec l'ouverture du site de St Antoine, Ajaccio a 20 jours de sursis 
- Quelles sont les répercussions directes du blocage de Prunelli sur le Pays Ajaccien ?
- Nous produisons entre 100 et 120 tonnes de déchets par jour. La CAPA doit, donc, faire face à une crise. Nous avons déjà eu l’autorisation d’ouvrir le site de Saint-Antoine pour y accueillir 2 000 tonnes de déchets. Nous avons pris nos responsabilités et nous pouvons faire face à 20 jours de crise. Par ailleurs, nous travaillons déjà à la demande d’une autre autorisation pour accueillir 35 000 tonnes de déchets, ce qui nous laissera un an de stockage. Ajaccio peut et doit réagir pour le Pays Ajaccien dans son ensemble.
 
- Quel est votre sentiment face à cette crise ?
- Nous avons en Corse une capacité de traitement de 100 000 tonnes de déchets tandis que nous en produisons 180 000 tonnes. Nous sommes face à une crise structurelle qu’il nous appartient à tous de résoudre.
 
- Quelles seraient selon vous les conséquences d’une crise des déchets sur du long terme ?
- Pourquoi parler de long terme ! Les retombées négatives seraient presque immédiates. Tout d’abord, le surplus de déchets dans les rues à court terme. Cela entrainerait très rapidement, en plus des nuisances connues de tous, des nuisances sanitaires, mais aussi des nuisances polluantes. Lorsqu’il pleut par exemple sur des poubelles qui s’amoncellent, les eaux pluviales entrainent bactéries et autres déchets vers la mer. Ensuite, nous pouvons parler de crise économique à moyen terme. Qui voudrait résider ou séjourner en vacances sur une île remplies de déchets ? Nous sommes l’île de beauté, nous ne devons, en aucun cas, dénaturer notre environnement et notre attractivité.
 
- A qui incombe la responsabilité ?
- A tous ! Tout d'abord, bien évidemment, aux pouvoirs publics. Si la Collectivité de Corse a sa part, nous avons aussi la nôtre. A Ajaccio, nous n’attendons pas un tsunami sur la plage ! Nous avons donc anticipé la crise sur du long terme et travaillons sur des solutions durables, mais il y a un protocole à respecter notamment en terme d’enquête publique. La responsabilité incombe également à tous les citoyens de cette île. La mise en balle est pénalisée dès lors que des encombrants sont mis dans les poubelles classiques. Cela bloque les machines et ralentit toute la chaîne de traitement. Nous encourageons encore nos citoyens à faire preuve de civisme et de s’orienter vers les déchèteries prévues à cet effet. 

- Quelles seraient les solutions ?
- Il faut bien évidemment travailler à l’élaboration d’outils structurels. J’avais préconisé l’exportation de déchets le temps que cela se fasse, mais la solution n’a pas été retenue pour l’instant. Nous sommes cependant confrontés à une réalité européenne qui nous impose d’ici à 2020 de réaliser moins de 30% d’enfouissement car cette solution ne respecte pas l’environnement.

François Filoni, conseiller municipal d’Ajaccio délégué à la propreté urbaine et 11 ème Vice-Président de la CAPA.
François Filoni, conseiller municipal d’Ajaccio délégué à la propreté urbaine et 11 ème Vice-Président de la CAPA.